Le tirage au sort, appelé sors ou sortitio en latin, occupait une place centrale dans la vie de la Rome républicaine et impériale. Très fréquent dans la sphère privée ou dans les sanctuaires oraculaires, il était aussi au cœur du fonctionnement des institutions et servait à sélectionner des citoyens ou à répartir entre eux des fonctions. Cet ouvrage retrace l’histoire de l’un des tirages au sort les plus cruciaux pour la cité romaine : celui des provinces.
Cette sortitio, faite par les consuls et les préteurs, permettait en effet de répartir le commandement des armées et les principales tâches juridiques, judiciaires et administratives à Rome et dans l’Empire romain entre les magistrats curules. Elle limitait ainsi les effets délétères de la compétition aristocratique et la corruption. À partir d’un corpus mêlant sources littéraires, épigraphiques, numismatiques et archéologiques, cette étude présente les règles qui encadraient le tirage au sort des provinces (coutumes, lois, sénatus-consultes) et la manière dont ce rituel était effectué et perçu. Plus largement, elle interroge la place et le rôle qui étaient réservés au hasard dans la vie et la culture politiques romaines, et les significations religieuses et sociopolitiques que lui prêtaient les Romains.