Des collègues de Paris 1 et de l'INALCO organisent mardi 12 mars un événement scientifique dans le cadre des manifestations universitaires en soutien à la Palestine. Le programme, engagé mais résolument scientifique, a reçu l'aval de Paris 1.
Tribune d'achéologues parue dans Libération
Le Parlement israélien a approuvé en lecture préliminaire le 10 juillet 2024 un projet d’amendement à sa législation qui placerait la totalité des sites archéologiques des territoires palestiniens de Cisjordanie sous la responsabilité directe de l’Israel Antiquities Authority, c’est-à-dire des services archéologiques de l’État d’Israël.
Ce projet suscite l’opposition des archéologues israéliens aussi bien que palestiniens (voir plus bas). L’application en territoire occupé de la législation d’une puissance occupante par sa propre administration est une violation du droit international. En outre cet amendement s’inscrit dans une logique de colonisation. En effet, il est courant que des colonies s’implantent autour de sites archéologiques dits « juifs » (Shiloh par exemple) qui sont alors instrumentalisés en justifiant d’une présence juive historique dans ce qui est aujourd’hui la Palestine. Ainsi, à Djabal Sabih, au sud de Naplouse, où des prospections ont indiqué la présence d'un site archéologique datant de l'âge du Fer II et de l'époque perse (première moitié du premier millénaire av. J.-C.), la colonie illégale d'Evyatar a été réimplantée en 2023 avec l’accord tacite des autorités israéliennes, et a été officiellement reconnue le mois dernier.
Ce processus d’annexion se développe : à Sabastiya, l’antique Samarie/Sébastè, 150 ha avaient déjà été accaparés au-delà de la zone archéologique, et le 24 juillet 2024, l'armée a informé le maire de Sabastiya de la confiscation de 1300 m² sur la zone archéologique, au sommet du site, pour aménager une zone militaire. Il y a urgence à réagir, car la Cisjordanie abrite plus de 7000 sites archéologiques déjà recensés autour des villes et des villages palestiniens.
L’amendement est argumenté par le fait que les régions concernées seraient « le berceau de la nation hébraïque ». Cette notion même est problématique, et cette pseudo-justification revient à réduire le riche patrimoine archéologique de ces régions à un seul de ses aspects, en omettant l'existence de vestiges préhistoriques, cananéens, romains, byzantins chrétiens et islamiques, et elle nie un des principes de la recherche historique et archéologique, qui est son caractère universel et désintéressé : le passé doit être étudié pour lui-même et non en fonction des appartenances communautaires ou nationales.
Le préambule de l’amendement cite un extrait du Premier Livre des Maccabées (1Macc 15, 33), écrit vers 100 av. J.-C. et qui relate la révolte de la Judée contre l’empire séleucide et les débuts du royaume hasmonéen, au 2e s. av. J.-C. Cette citation, qui évoque « l’héritage de nos pères », conquis illicitement, puis recouvré, est en elle-même la revendication d’une continuité entre ce royaume juif de l’époque hellénistique et l’actuel État d’Israël. Cette revendication ne contredit pas seulement la réalité historique, elle témoigne d’une confusion entre le passé et le présent qui est contraire à la définition même de la recherche historique et archéologique.
Ainsi cet amendement concernant les antiquités affirme explicitement une volonté d’instrumentalisation de l’archéologie à des fins politiques et d’annexion, contre laquelle, en tant qu’archéologues et historiens, il est de notre devoir de nous dresser. C’est pourquoi nous nous associons aux protestations de la Society for Palestinian Archaeology et de l’Israeli Archaeological Association, disponibles ci-dessous. Il importe de susciter un mouvement international qui puisse aboutir à un retrait de cette proposition.
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Premiers signataires de la tribune:
Membres de l’équipe de recherche l'Orient, d'Alexandre à Muhammad - OrAM (CNRS, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Inrap) :
BLANC Pierre-Marie; FOURNET Thibaud; GELIN Mathilde; MOUTON Michel; RENEL François; SALIOU Catherine; TALLET Gaëlle; VILLENEUVE François; AL ALI Kinan; BERETTA Valentina; BESSAC Jean-Claude; BOMBEAU Valère; BRETON Jean-François; CLAUSS-BALTY Pascale; COMTE Marie-Christine; DENTZER-FEYDY Jacqueline; GHASEMI Parsa; JOBCZYK Marion; KHAN Bénédicte; LAGUARDIA Marie; MADINA Hussein; MARION DE PROCE Solène; PIRAUD-FOURNET Pauline; THEBAULT Gérard; VILLENEUVE Estelle.
S’associent à cette tribune :
ABBES Frédéric, Directeur de l’UMR 5133 Archéorient; ABOU AZIZEH Wael, archéologue, maître de conférences, université Lyon II; ALHALABI Taysir, archéologue, docteur université Paris 1; BERT GEITH Sandrine, archéologue indépendante; BLETRY Sylvie, maître de conférences, université Paul-Valéry Montpellier 3; BRIQUEL-CHATONNET Françoise, directrice de recherche émérite, CNRS, Membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles Lettres); CABARET Dominique-Marie, professeur, studium des dominicains, Toulouse; CHARLOUX Guillaume, archéologue, CNRS; DEBIE Muriel, École pratique des hautes études, PSL; DERAT Marie-Laure, directrice de recherche au CNRS, Orient & Méditerranée, équipe mondes sémitiques; DESREUMAUX Alain Jacques, directeur de recherche honoraire, CNRS; HAWLEY Robert, directeur d’études, École pratique des hautes études; HUMBERT Jean-Baptiste, archéologue émérite, École biblique et archéologique française de Jérusalem; KHREICH Maroun, maître de conférences, Université Libanaise; LESGUER Fabien, doctorant, université Paris 1, Orient & Méditerranée; MELLITI Khaled, historien, chercheur Orient & Méditerranée; RIBA Bertrand, archéologue, CNRS, Orient & Méditerranée; ROCHE-HAWLEY Carole, directrice scientifique, Ifpo; ROHMER Jérôme, archéologue, CNRS; ROUILLARD-BONRAISIN Hedwige, directrice d’études émérite, École pratique des Hautes Études; SCHIETTECATTE Jérémie, CNRS Researcher, Visiting scholar at ISAW, NYU; SHABO Shadi, chercheur en archéologie, postdoc CNRS UMR 8167 Orient & Méditerranée; TREHUEDIC Kevin, archéologue, maître de conférences, université Paris-Est Créteil; VAN STAËVEL Jean-Pierre, professeur, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur-adjoint de l'UMR 8167 Orient & Méditerranée.
Paris, le 22/12/2023
La Société des Professeurs d’Histoire Ancienne de l’Université exprime sa plus ferme opposition à la loi relative à l’immigration votée par le Parlement. La loi tout entière contrevient à la tradition hospitalière de notre pays et aux libertés individuelles. Les dispositions concernant spécifiquement les étudiants non-européens (frais d’inscription supérieurs et obligation d’une « caution retour » notamment) relèvent d’une politique de discrimination contraire aux pratiques de l’Université française fondées sur l’égalité stricte entre les étudiants. La SoPHAU condamne également les restrictions nouvelles faites au droit du sol pour les enfants nés en France de parents étrangers et à l’acquisition et l’octroi de la citoyenneté française. Elle demande que cette loi ne soit pas promulguée.
Le Bureau
Paris, le 15 octobre 2023
Le Bureau et les membres de la Société des Professeurs d'Histoire Ancienne de l'Université adressent leurs pensées de soutien aux proches de la victime et aux blessés de l’attentat d’Arras. Leurs mots de solidarité vont aussi à tous les enseignants qui, en première ligne, de l’école à l’université, expliquent et décryptent la complexité du monde. Toute la communauté enseignante est endeuillée, mais elle continuera de lutter pour le primat de la raison critique, de la laïcité et pour que soient reconnus ceux qui les enseignent au quotidien.
Paris, le 21 avril 2022
Les quatre associations d’historiennes et d’historiens de l’enseignement supérieur et de la recherche (SoPHAU, SHMESP, AHMUF, H2C), tiennent à exprimer leur inquiétude face à la réforme des modalités de communication des documents projetée par la direction de la Bibliothèque nationale de France, qui vise à restreindre radicalement la communication directe des documents à la tranche horaire 13h30-17h, et ce dès le 2 mai 2022.
Les quatre associations apportent leur soutien à la mobilisation en cours contre un système qui aurait des conséquences très lourdes sur l'activité de recherche de ses membres, ralentissant le travail de toutes et tous sur les très riches collections d'ouvrages, de périodiques, de fonds privés conservés par la BnF. Celles et ceux qui habitent en dehors de la région parisienne en particulier se verraient confrontés à des contraintes telles qu'elles rendent concrètement impossible de nombreux projets de recherche.
La BnF est une institution au rayonnement international, la source nourricière d'une multitude de travaux. Il importe qu'elle le reste.
Dans un communiqué de presse, Julien Aubert et Damien Abad, députés LR, demandent l’ouverture d’une mission d’information sur “les dérives idéologiques dans les milieux universitaires”, dans le prolongement des propos du Ministre de l’Education Nationale sur “l’islamo-gauchisme” qui, selon lui, ferait florès dans les universités. Montant encore d’un cran, Julien Aubert a publié hier, jeudi 26 novembre, les noms et les comptes Twitter de sept enseignants-chercheurs, nommément ciblés et livrés à la vindicte publique. Cette dénonciation calomnieuse s’ajoute aux propos tenus par la rédaction du journal Valeurs actuelles à l’encontre du Président nouvellement élu de l’université Sorbonne Paris Nord. On ne saurait tolérer de telles méthodes d’intimidation ni des procédés qui relèvent d’une chasse aux sorcières. Ces pratiques doivent être dénoncées avec la plus grande vigueur.
Le bureau de la CP-CNU apporte son soutien inconditionnel à ces collègues atteints dans leur intégrité morale, soit deux présidents d’université, quatre Maîtresses de conférences, dont l’une en poste aux Etats-Unis, un Maître de conférences à la retraite, et une professeure des Universités. Nous demandons que nos collègues bénéficient du soutien de leurs établissements et du Ministère, y compris en cas de procédure judiciaire.
Communiqué original sous ce lien
Paru dans Classical World 112-3, 2019, p. 193-223, l'article est disponible ici grâce à l'aimable autorisation de son auteur.
Paris, le 17 octobre 2020
Communiqué
Les quatre Sociétés d’enseignants historiens du Supérieur (SoPHAU, SHMESP, AHMUF, AHCESR) expriment toute l’horreur qu’elles ressentent après l’assassinat de leur collègue professeur dans un collège de Conflans Sainte-Honorine. Cet acte de fanatisme fait tragiquement mesurer tout le prix que doivent attacher l’Etat et la société française à l’enseignement des savoirs critiques. Nous exprimons aux proches, aux collègues et aux élèves du professeur défunt nos condoléances. Plus largement, nous adressons un message de soutien à nos collègues enseignants du primaire et du secondaire, premiers acteurs de la transmission des principes de la laïcité, premiers engagés sur le terrain de la diffusion des connaissances et premiers exposés aux ravages de l’obscurantisme.
Sylvie Pittia, Présidente de la Société des Professeurs d’Histoire Ancienne de l’Université
Dominique Valérian, Président de la Société des Historiens Médiévistes de l’Enseignement Supérieur Public
Nicolas Le Roux, Président de l’Association des Historiens Modernistes des Universités françaises
Clément Thibaud, Président de l’Association des Historiens Contemporanéistes de l’Enseignement et de la Recherche