Dans son recueil d’Aenigmata, le poète latin Symp(h)osius (IVe–Ve s.) fait précéder chaque énoncé d’un titre qui en indique la solution. Cette disposition, inhabituelle, semble priver le lectorat du processus de réflexion nécessaire à un réel jeu énigmatique. Pierre Siegenthaler propose de réévaluer l’expérience ludique qu’un tel livre pouvait malgré tout offrir. À travers une étude sélective du corpus, il démontre que Symposius a mis en place différentes stratégies visant à guider son lector vers une interprétation alternative – et souvent autoréflexive – du texte. La résolution de ce jeu cryptique permet d’accéder à un discours dissimulé par le poète et de mieux cerner son projet littéraire. L'étude offre également une nouvelle traduction française des Aenigmata, œuvre rarement rendue accessible dans cette langue.
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Dans la revue comme dans les éditions Cahiers d’art, Christian Zervos a pris le parti de faire dialoguer des œuvres de domaines différents et de diverses époques historiques. Il envisageait l’art moderne en partant toujours de ses rapports à des formes universelles, provenant des arts dits « premiers » ou « archaïques » et des instincts « primordiaux » de l’humanité. Il jetait ainsi un nouveau regard sur les objets anciens dans le cadre d’une double démarche qui les réactualisait, tout en réinscrivant l’art moderne dans une perspective historique. La contribution de Zervos fut particulièrement importante pour la réhabilitation de l’art de la Grèce antique – notamment de l’art préclassique – ainsi que pour la redéfinition des civilisations anciennes et des formes d’art archaïques dans le cadre du modernisme. Dans ce volume, il est question de sa vision globale de la culture méditerranéenne, qui se forma « au miroir de la Grèce », à travers un double lien : au départ l’ancrage de sa démarche « moderniste » dans les principes des arts premiers du bassin méditerranéen, puis le retour au pays, dans les années 1950, pour renouer avec les « origines » de la culture méridionale poursuivant ainsi son projet de retracer les sources primitives du Sud européen (en Sardaigne, dans les Cyclades, en Crète). Ces textes retracent le développement de son goût pour ces périodes sans témoignages écrits et la poursuite de son projet de constituer un récit photographique des cultures du « Sud préhistorique ».
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Vers la fin de sa vie, l’érudit et ancien homme d’État byzantin Théodore Métochite (1270–1332) compare Démosthène et Aristide afin de déterminer lequel des deux est le meilleur orateur. En puisant à des sources variées, il montre ses vastes connaissances sur les deux auteurs. Son opuscule ne peut cependant être réduit à une banale compilation. Métochite est en effet lui-même orateur, et sa comparaison n’est donc pas un simple traité sur la rhétorique, mais aussi une œuvre de rhétorique à part entière. Il se sert de cet ouvrage afin de s’autoreprésenter et de montrer ses capacités. La Comparaison de Démosthène et d’Aristide poursuit également une fin moins personnelle : démontrer que la rhétorique est un instrument pour gravir les échelons sociaux. Lequel des deux orateurs – Démosthène ou Aristide – est donc, non pas le meilleur orateur en soi, mais le meilleur modèle pour atteindre ce but ?
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L'histoire des femmes et du genre est un domaine de recherche en plein essor. Elle est par ailleurs devenue un objet de réflexion publique. Afin de répondre à ce mouvement fort, cet ouvrage, pensé par un collectif d'historiennes et d'historiens, offre un regard éclairé sur la place, le rôle et l'image des femmes de la Préhistoire aux révolutions européennes de la fin du XVIIIe siècle à travers de nombreux documents textuels et iconographiques.
Une histoire des femmes en Europe propose plus de cent cinquante documents historiques commentés qui traitent des aspirations et des obstacles à une égalité entre les sexes et permettent d'écrire l'histoire des femmes à travers les siècles, mais aussi de livrer les clés de la méthode d'analyse spécifique qui s'est élaborée durant les dernières décennies.
Le sujet du volume présente un intérêt scientifique notable puisqu'il se situe dans deux domaines simultanément : une histoire des femmes qui s'inscrit dans la durée et mobilise des historiennes et des historiens de toutes les périodes comprises entre la Préhistoire et l'époque moderne, mais aussi une histoire commune de l'Europe.
Issu d’une réflexion partagée entre spécialistes de l’Égypte tardive et spécialistes des questions de genre antique, ce volume se concentre sur les capacités d’action (agency) des femmes en Égypte, entre le Ve siècle av. J.-C. et le VIIIe siècle ap. J.-C. dans une perspective d’histoire sociale. Plus de 200 noms de femmes émergent de ces travaux, mettant en lumière la nécessité d’une approche mixte des sociétés antiques. Consulter les oracles, formuler une pétition, prendre des décisions, connaître ses droits, divorcer ou encore tenir des comptes et gérer une entreprise : telles sont les actions, leurs contextes et leurs limites qu’étudient les contributions de ce volume, à partir d’une documentation constituée de papyrus et d’ostraca démotiques, grecs et coptes.
Ce volume est issu d’une rencontre du groupe de recherche « Eurykleia. Celles qui avaient un nom », porté par les laboratoires Anhima UMR 8210, Archimède UMR 7044, Traces UMR 5608, PLH EA4601, l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, l’Université de Strasbourg et l’Université Toulouse - Jean Jaurès.
Jouer dans le monde antique : lieux, espaces, accessoires explore l’histoire des jeux et des objets qui leur sont associés dans l’Antiquité classique et au-delà au travers de témoignages matériels.
Le volume réunit une série d’études présentées lors de colloques organisés par le projet ERC Locus Ludi (#741520) ainsi que d’autres contributions. Un large éventail de cas met en lumière la diversité culturelle des comportements dans l’espace et le temps. Ces études révèlent l’étendue géographique et chronologique des pratiques ludiques, de l’Égypte pharaonique à la Grande-Bretagne romaine et à la périphérie celtique du haut Moyen Âge. Malgré l’abondance de témoignages, le matériel conservé est souvent fragmentaire et dispersé, occulté par la perception occidentale moderne des jeux comme des passe-temps futiles. En déconstruisant la complexité des pratiques ludiques antiques, cet ouvrage met en lumière l’intersection des jeux avec la vie sociale, culturelle et religieuse dans l’Antiquité, et livre une perspective nouvelle sur un aspect jusqu’ici négligé de l’histoire humaine.
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Les foulons font partie de ces artisans du textile indispensables à la vie quotidienne des Anciens, et néanmoins restés trop longtemps oubliés de l'Histoire. Leur rôle était pourtant primordial pour l’économie de la production textile, puisqu’ils œuvraient à la finition des étoffes, et en même temps tout à fait banal, puisque c’est à eux aussi que les habitants confiaient au quotidien leurs vêtements à nettoyer. Cet ouvrage nous plonge dans le monde des foulons de l’Orient grec (Égypte comprise), en tentant, à partir d’une étude technique de leurs ateliers et d’une archéologie des chaînes opératoires, de replacer ces artisans du textile dans leur environnement professionnel, économique, mais aussi social et civique. Le croisement systématique de toutes les données disponibles – textes littéraires, inscriptions, papyrus, sources iconographiques et archéologiques – permet de faire sortir de l’ombre ces travailleurs méconnus du quotidien, en les réhabilitant en tant qu’acteurs historiques des sociétés grecques et hellénisées de la Méditerranée orientale sur près d’un millénaire.
Les vestiges de Délos, connus par les navigateurs et les voyageurs dès le XVe s., puis explorés principalement par l’École française d’Athènes à partir de l’archéologie méditerranéenne. Convergeant avec de nombreux textes antiques, ils rendent compte de manière 1873, ont livré une documentation considérable qui constitue une référence dans l’archéologie méditerranéenne. Convergeant avec de nombreux textes antiques, ils rendent compte de manière exceptionnelle de l’évolution d’une civilisation, du début de l’époque archaïque jusqu’à l’Antiquité tardive, tant dans le domaine de la religion que des institutions, de l’économie et de la vie quotidienne. Au cœur des Cyclades, Délos partage avec d’autres îles de l’archipel un climat semi-aride et un faible relief sur lequel s’affrontent ou se succèdent de puissants vents du nord et du sud. Avec ses 3,5 km2 de superficie, elle pourrait paraître totalement insignifiante si elle n’était devenue, dès l’Antiquité et pour quelques siècles, l’un des centres de pouvoir politique, religieux et financier les plus importants du monde grec.
Pour le visiteur qui passe en bateau depuis Mykonos le long du rivage nord déchiqueté par l’érosion, le contraste avec les vestiges évocateurs du port et des sanctuaires antiques qui apparaissent peu après est frappant. C’est ce même contraste entre l’apparente stérilité du sol et la fabuleuse prospérité de l’île que tentaient aussi d’expliquer les mythes et légendes dont elle fut l’objet. Le grand sanctuaire d’Apollon qui s’est développé dans l’île constitue le cœur du système : tous les domaines d’activité de la vie délienne en dépendent, quelles que soient les évolutions qui se manifestent au fil des siècles. Depuis les premiers aménagements connus dans l’île au VIIe s. jusqu’à son abandon progressif au cours du VIe s. de notre ère, c’est l’histoire originale d’une communauté insulaire que l’on peut suivre et voir exister à travers les vestiges, dans les remous des grandes évolutions que connaît la Méditerranée orientale.
Partout dans Rome, les monuments sont couverts d’inscriptions, antiques ou modernes, qui ne rapportent pas uniquement le nom de leur constructeur, mais célèbrent leur restauration. Les empereurs romains, les dirigeants de la Commune au XIIe siècle, les papes de la Renaissance ou encore Mussolini au XXe siècle se sont souvent présentés comme les protecteurs d’un patrimoine ancien et ont fait de la restauration urbaine l’un des fondements de leur légitimité, quand bien même ils modernisaient la ville. En effet, toute l’histoire de l’urbanisme romain peut être interrogée sous l’angle du lien qui unit reconstruction matérielle de la ville, identité romaine et restauration d’un ordre politique.
Cet ouvrage collectif réunit seize contributions d’historiennes et historiens, archéologues, spécialistes de la littérature latine et historiennes et historiens de l’art, qui mettent en lumière l’impératif politique de la restauration à différentes époques et différentes échelles, du monument ou du quartier à l’espace urbain dans son ensemble. De l’Antiquité aux premières années du XXIe siècle, les notions de restauration ou de reconstruction se révèlent alors à la fois comme un moteur de l’urbanisme romain, un programme politique des pouvoirs publics et un idéal partagé ou contesté par les différents acteurs de la ville.
Mireille Corbier (
Ce 2e volume collectif de la série ERA (Ecologia Roma Antica), en associant études littéraires, historiques et archéologiques, explore les évolutions et les héritages de la villa romaine dans son rapport à l’environnement naturel, du Haut-Empire jusqu’à l’époque moderne : exploitation des ressources, production agricole, anthropisation du paysage. Sont ainsi analysés les fonctions de la villa, conjuguant l’utilité à l’agrément, ses transformations dans l’Antiquité tardive, ses prolongements à travers le travail monastique et l’économie montagnarde, son inspiration dans des traités agronomiques de la Renaissance.
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