Dans la revue comme dans les éditions Cahiers d’art, Christian Zervos a pris le parti de faire dialoguer des œuvres de domaines différents et de diverses époques historiques. Il envisageait l’art moderne en partant toujours de ses rapports à des formes universelles, provenant des arts dits « premiers » ou « archaïques » et des instincts « primordiaux » de l’humanité. Il jetait ainsi un nouveau regard sur les objets anciens dans le cadre d’une double démarche qui les réactualisait, tout en réinscrivant l’art moderne dans une perspective historique. La contribution de Zervos fut particulièrement importante pour la réhabilitation de l’art de la Grèce antique – notamment de l’art préclassique – ainsi que pour la redéfinition des civilisations anciennes et des formes d’art archaïques dans le cadre du modernisme. Dans ce volume, il est question de sa vision globale de la culture méditerranéenne, qui se forma « au miroir de la Grèce », à travers un double lien : au départ l’ancrage de sa démarche « moderniste » dans les principes des arts premiers du bassin méditerranéen, puis le retour au pays, dans les années 1950, pour renouer avec les « origines » de la culture méridionale poursuivant ainsi son projet de retracer les sources primitives du Sud européen (en Sardaigne, dans les Cyclades, en Crète). Ces textes retracent le développement de son goût pour ces périodes sans témoignages écrits et la poursuite de son projet de constituer un récit photographique des cultures du « Sud préhistorique ».