Les quatre présidents d’associations professionnelles d’historiens :

Lucien Bély (AHMUF)

Jean-Claude Caron (AHCESR)

Véronique Gazau (SHMESP)

Catherine Grandjean (SOPHAU)

se sont rencontrés en Sorbonne le 7 juillet pour évoquer trois réformes en cours ou à venir concernant l’enseignement supérieur.

1. Décret du 27 mai 2016 sur la réforme du doctorat

Il est pris acte de la volonté ministérielle de renforcer le pouvoir des écoles doctorales, tout en s’étonnant que la place du directeur de thèse soit minorée comme en témoigne son exclusion du comité de suivi de thèse ou du vote final attribuant le grade de docteur. Par ailleurs, les présidents d’associations expriment des réserves sur plusieurs points :

- l’absence de définition de la « validation de l’expérience professionnelle » que l’on pourra présenter pour l’obtention du doctorat :

- la co-direction de thèse ouverte à des personnalités du monde socio-économique, sans que les choses ne soient davantage précisées ;

- la suppression des mentions, décidée sans concertation avec les principaux intéressés.

2. Suivi de carrière

Le texte adopté par la CP-CNU le 9 juin 2016 prévoit la mise en place d’une « procédure légère » d’évaluation des enseignants-chercheurs gérée par le CNU. Si l’on ne peut contester que l’actuelle évaluation soit lourde, on s’étonne toutefois qu’une moitié des personnes concernées soit exclue de la procédure envisagée (EC nommés depuis moins de 5 ans ; EC partant à la retraite dans les 4 années à venir ; EC ayant eu un avancement de grade dans les 5 dernières années).

Par ailleurs, s’il est affirmé que cette évaluation ne donnera lieu à aucune forme de notation et qu’elle ne pourra être utilisée pour appliquer une politique de modulation de service, on s’interroge sur le contenu réel de la notion « accompagnement professionnel pertinent ».

Ainsi la CPU s’engage-t-elle à ce que « les établissements se concertent pour déterminer ou identifier l’utilisation possible, dans le cadre de l’accompagnement professionnel des enseignants-chercheurs, des éléments et du contenu textuel des avis du suivi de carrière qui leur seront rendus en retour par les sections du CNU » : que signifie sur le fond cette affirmation ? Quel type de relation induit-elle ? Conduit-il à une forme déguisée d’évaluation individuelle qui, malgré ce qui est affirmé, ne sera pas sans incidence sur la carrière d’un EC ?

Au vu de l’imprécision manifeste du texte, les présidents d’associations expriment leur vive défiance et demandent à ce que les choses soient davantage précisées.

3. Création d’une troisième voie de l’agrégation d’histoire

Le ministère de l’Education nationale envisage pour l’année 2017 l’expérimentation dans certaines disciplines (mais apparemment pas l’histoire) d’un concours d’agrégation réservé aux titulaires d’un doctorat, avec des épreuves d’admissibilité et d’admission. Cette troisième voie serait abondée par un quota de 15% de postes prélevés sur les deux autres concours (externe et interne), avec possibilité de monter à 20% en incluant les postes non pourvus.

Les présidents d’association s’opposent à ce qu’ils considèrent comme une mauvaise réponse à une vraie question : le trop faible nombre de postes de MDC mis au concours. La constitution d’une catégorie supplémentaire d’enseignants va à l’encontre de la réduction souhaitable du nombre de ces catégories : à moins de considérer qu’il s’agisse de constituer sans le dire un vivier pour le recrutement de PRAG ?

Il est hautement souhaitable que l’histoire ne soit pas concernée par cette nouvelle voie, les deux existant actuellement étant ouvertes à toutes et à tous.