« Le sport, disait George Orwell, c’est la guerre, les fusils en moins ». Reflet d’un idéal politique à la fois antagonique et pacifique, le sport permet aux hommes de se mesurer physiquement, sans chercher à s’anéantir. Ses racines plongent dans un passé lointain. C’est en Grèce ancienne que l’on voit sortir de terre les premiers gymnases et les premiers stades, s’établir un circuit de compétitions, se définir des disciplines encadrées de règles et d’interdits. La concurrence et l’excellence y sont érigées en valeurs cardinales. La figure de l’athlète, avatar du citoyen-soldat, s’impose dans le paysage social durant plus d’un millénaire. Les champions, qu’ils soient coureurs, lutteurs ou pentathloniens, font la fierté de leur communauté d’origine : célébrés dans des poèmes, statufiés, ils sont couverts de privilèges et immortalisés dans la mémoire collective. Mais, objets d’une immense ferveur populaire, ils n’en sont que plus attaqués par les savants, philosophes ou médecins, qui fustigent leur inutilité supposée et les dangers de leur mode de vie.
C’est à une histoire de ce premier sport, éloigné dans le temps mais souvent si proche de nos pratiques contemporaines, que ce livre invite.
Pendant la période hellénistique, le monde grec connaît son extension maximale : Egypte, Syrie, Mésopotamie, plateau Iranien et Asie centrale jusqu’aux portes de l’Inde. Dans le sillage de la conquête d’Alexandre et d’une active politique de fondations poursuivie par les grands royaumes issus de la dislocation de l’Empire, le modèle traditionnel de la cité grecque connaît une diffusion remarquable. Ce mouvement, à l’échelle locale, accompagne la large diffusion de la démocratie. Pour autant, à un niveau supérieur, c’est la monarchie qui s’impose. Souverains absolus vivant dans des palais fastueux au milieu de leur cour, les rois hellénistiques disposent à leur gré de leurs territoires, de leurs sujets et des cités qui y sont implantées. Même le système du principat, instauré pour plusieurs siècles par Auguste, s’inspire de la monarchie hellénistique. Les facteurs de continuité avec la période classique sont toutefois évidents : les sociétés grecques restent fondées sur l’esclavage et unies, malgré le morcellement politique et les dominations successives, par des valeurs et un mode de vie communs, qui les distinguent à leurs yeux de ceux qu’ils nomment « barbares » – les Perses laissant simplement la place aux Galates. Cette histoire se clôt avec Hadrien, dont le règne marque un âge d’or de l'Orient grec et fournit la preuve, incontestable, du rôle joué par les Romains dans la transmission de l’héritage hellénistique jusqu’à nous.
À l’appui d’une iconographie magnifique, d’une cartographie originale et de sources d’une richesse remarquable, découvertes jusqu’aux confins de l’Empire d’Alexandre et même au-delà, les auteurs retracent, avec détails et nuances, l’histoire du monde grec hellénistique et romain.
Dès le IXe siècle av. J.-C. sont déposés dans les tombes de la région de Naples des objets importés, notamment à Pontecagnano et Capoue. Amphores de transport, vases à boire ou à parfums et ornements originaires de Grèce, du Levant, de Carthage, d'Italie adriatique ou d'Étrurie deviennent plus nombreux et diversifiés encore avec la fondation par des Grecs d'Eubée de Pithécusses puis de Cumes au milieu du VIIIe siècle av. J.-C. Comment expliquer leur présence et comment ces objets découverts en contexte funéraire peuvent-ils servir une enquête sur les échanges des vivants ?
À partir d’un inventaire des objets importés et de la production de nombreuses cartes inédites, cet ouvrage entend non seulement réaliser une ethnographie économique de la distribution des objets allogènes dans les tombes, mais aussi proposer une histoire comparée des échanges des micro-régions campaniennes. Cette étude à plusieurs échelles montre les possibilités d'une histoire économique régionale à partir de sources archéologiques. Par l’étude conjointe des sociétés grecques, étrusque et osques, la Campanie se révèle ainsi un laboratoire exceptionnel pour retracer les échanges des sociétés méditerranéennes archaïques.
L’ouvrage est disponible intégralement en accès ouvert.
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Pendant presque soixante ans, de 1966 à 2023, Olivier Picard n’a cessé d’étudier la monnaie des cités antiques, balayant un vaste territoire allant de Chalcis en Eubée à Marseille et d’Alexandrie d’Égypte à Thasos, la grande cité insulaire de l’Égée du Nord, publiant à son sujet plus que tout autre ne l’avait fait précédemment. Les fruits de ses recherches, aussi bien sur le plan historique qu’archéologique, ont considérablement enrichi notre compréhension de la numismatique du monde grec. Le recueil présenté rassemble les pièces maîtresses de ses travaux sur la frappe et la circulation des monnaies à Thasos, son terrain de prédilection, depuis la période de colonisation jusqu’à l’antiquité tardive.
À travers ces études classées chronologiquement dans l’ordre des séries monétaires de Thasos, Olivier Picard parvient à narrer de manière captivante l’évolution d’une monnaie et de son île, offrant une perspective unique sur la symbiose entre numismatique et l’histoire de Thasos.
MYTHOS est une revue internationale d’Histoire des religions de la Méditerranée antique conçue comme un espace pluridisciplinaire et comparatiste où les analyses historiques, philologiques, archéologiques, anthropologique, sociologiques portant sur les religions antiques s’articulent aux réflexions historiographiques et épistémologiques.
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Rien de nouveau sous le soleil : au XXIe siècle, l’histoire continue d’alimenter les réflexions politiques, nourrissant aussi bien le roman national que les récits contestataires, les discours conservateurs aussi bien que progressistes, les arguments d’un camp comme ceux de son opposant… Les faits historiques et le patrimoine s’imposent comme des arguments d’autorité considérés comme objectifs par certains, pour établir des limites ou créer des ponts, fédérer un groupe ou l’opposer à d’autres. Qu’ils se nomment Reconquête ou Renaissance, dans un jeu d’opposition censé refléter l’échiquier politique, les partis politiques ne s’y trompent pas lorsqu’ils choisissent un nom de baptême.
Pour ce neuvième numéro de Frontière·s, nous avons invité les auteurs à s’intéresser aux usages récents du passé antique et médiéval dans l’élaboration des idéologies et des pratiques politiques contemporaines. Sujet désormais récurrent des spécialistes de la réception de l’Antiquité, les réécritures de l’histoire de Sparte, de part et d’autre de l’Atlantique nord, ouvrent le volume : Vivien Barrière et Jean Hedin notent l’importance du comics 300 de Frank Miller (1998) puis de son adaptation cinématographique par Zack Snyder (2007) dans la mise en place d’un discours politique étatsunien faisant de la cité grecque le modèle d’une société guerrière et eugéniste, seul rempart d’un Occident menacé par l’ennemi oriental ; Stéphane François et Adrien Nonjon en détaillent les déclinaisons en France d’une part et en Ukraine d’autre part en se focalisant sur les mouvements d’extrême droite identitaire. En attirant l’attention sur un usage précis de l’histoire, depuis des fouilles mises en oeuvre par un maire d’extrême droite en Roumanie (Mathieu Mokthari) à la diffusion d’une série syrienne sur la chute de Palmyre et Zénobie (Thomas Richard) en passant par un livre édité à Marseille (Pierre Vey), les contributions suivantes mettent en avant la plasticité et la diversité des situations. L’histoire est instrumentalisée par des acteurs et actrices situés aux deux bords de l’échiquier politique ; elle peut se faire vecteur d’un discours réactionnaire qui cherche dans un hier imaginaire un modèle idéal à reproduire (Enki Baptiste), nourrir une appropriation nationaliste d’espaces frontaliers (Lorette Hehn) ou au contraire servir à la survalorisation d’une identité locale perçue comme menacée (Florentin Briffaz).
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Depuis que son statut scientifique a été établi à la fin du XIIIe siècle, l’archéologie funéraire se trouve au coeur des recherches menées sur les sociétés antiques d’Italie du Sud. Suscitant comme les vases l’admiration des élites culturelles, les marqueurs de tombe des nécropoles de la région se sont très tôt retrouvés dans les collections européennes, privés de contexte, et ont été étudiés par les historiens de l’art avant d’attirer l’attention des archéologues. En prenant en compte les questions de terminologie – bien qu’il soit moderne, le mot « marqueur » est pertinent – et sur la base d’un corpus d’environ huit cents éléments réunis dans une base de données en ligne, ce volume démontre qu’une étude minutieuse et méthodique des marqueurs enrichit la connaissance historique et ouvre de nouvelles perspectives.
Ces édifices et objets installés dans les nécropoles avaient pour fonctions de signaler les tombes, de définir le nouveau statut du mort et de lui rendre hommage ainsi que de célébrer sa famille aux yeux des vivants, véritables acteurs de performances au sein des nécropoles. Du Ve – quand les échanges s’intensifient entre les populations implantées dans la région – au IIIe siècle avant notre ère – quand les Romains y prennent pied –, ils donnent donc à voir des pans entiers et méconnus des sociétés grecques et non grecques d’Italie du Sud et de leur genèse. Cette étude, confrontant l’ensemble des sources disponibles, aborde des aspects variés des sociétés : mutations sociales, hiérarchisation des communautés et affirmation de pouvoir, relations entre Grecs et non-Grecs, phénomènes d’acculturation, rites funéraires et croyances eschatologiques, paysages funéraires.
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Les rapports entre « violence et jeu » font aujourd’hui l’objet de débats suscités par la banalisation d’une forme de violence virtuelle dans des jeux vidéo souvent brutaux. La généralisation de tels jeux invite à prendre du recul pour tenter de comprendre cette association, au premier abord paradoxale, en l’envisageant dans la longue durée. Cet ouvrage collectif révèle la récurrence, de l’Antiquité à aujourd’hui, de l’inscription de la violence dans les jeux d’enfants, comme d’adultes, et montre que les formes et les fonctions de violences ludiques ne sont pas que la conséquence d’un jeu qui tourne mal ou de l’inconséquence de joueurs peu respectueux de la règle.
Bien au contraire, la violence, à des degrés variés d’intensité – généralement consentie, mais en partie canalisée par la règle –, apparaît potentiellement inscrite dans la situation ludique elle-même, comme l’exposent les différentes études de cas du volume, associé aux travaux du projet européen ERC Locus Ludi sur le jeu comme « fabrique » d’une société dans l’Antiquité classique.
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Édité par Manuel de Souza, Autour de Néron est un livre en hommage à Yves Perrin, professeur d'Histoire romaine à l'Université Jean-Monnet de Saint-Etienne. Le livre réunit trente contributions de collègues et amis français et étrangers. Structuré autour de la figure de Néron – artifex, dominus et imperator – il dresse un portrait complexe du personnage et de son action.
La première partie traite de l’artiste, de ses valeurs agonales et de son intérêt pour la technique. La deuxième décrypte la vie politique et sociale de la Maison des Césars et de Rome. Le pouvoir effectif sur l'Empire occupe la troisième partie avec une série d'enquêtes qui enrichissent l'étude des relations entre le pouvoir central et les communautés de l'espace impérial. Elles mettent en perspective l'histoire souvent égocentrée de Néron et enrichissent la problématique de la centralité du pouvoir.
Autour de Néron, dans l'esprit d'Yves Perrin, élargit les enquêtes au monde romain d'un vaste premier siècle et s'interroge également sur la réception du prince et plus globalement de l'Antiquité romaine dans le monde moderne et contemporain.
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Tite-Live affirme que les magistrats romains n’avaient pas le droit de conclure un traité (foedus) sans l’aval du peuple romain et sans recourir au cérémonial des fétiaux, qui incluait la mise à mort d’un porcelet à l’aide d’une pierre de silex. Il soutient que tous les traités ont été conclus de cette façon depuis le règne de Tullus Hostilius. Les Modernes ont accordé foi à ces propos et en ont déduit que les magistrats ne pouvaient conclure que des accords provisoires ou à caractère privé. En réalité, les Romains ont pratiqué d’autres rites pour valider les traités sous la République, accomplis par des magistrats. Leurs serments avaient la même valeur contraignante pour le peuple romain que le serment des fétiaux ; ces foedera étaient valables dès l’instant où les serments avaient été échangés, même s’ils n’avaient pas été ratifiés par le Sénat et le peuple.
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Placés à la tête de l'ensemble de l'Empire romain, les triumvirs, puis Auguste furent assistés dans leurs tâches par des membres de l'aristocratie, qui étaient des sénateurs et qui continuaient à faire carrière en gravissant les échelons du cursus honorum.
Cet ouvrage passe en revue les différentes étapes en montrant comment les triumvirs, puis Auguste reconfigurèrent le système républicain en ajoutant systématiquement de nouvelles fonctions (vigintivirat, légation, proconsulat, préfecture de la Ville) et en redéfinissant les anciennes magistratures (questure, édilité, tribunat de la plèbe, préture, consulat, censure). Cette réflexion collective est un des résultats du programme de recherche sur l'aristocratie augustéenne qui vise à établir les fastes sénatoriaux des époques triumvirale et augustéenne (le « Broughton augustéen ») et qui rassemble une quinzaine d'enseignants-chercheurs. Associant une démarche institutionnelle à une approche prosopographique, elle offre la première analyse approfondie du fonctionnement du cursus honorum à une époque déterminée.
Comme en écho aux crises de nos sociétés contemporaines, cet ouvrage est le premier volume issu d’un programme quinquennal (ANHIMA/Paris 1) qui s’est donné pour mission de reconsidérer deux moments décisifs de la République romaine : la deuxième guerre punique et les guerres civiles.
Unanimement considérés par les sources comme des « événements » traumatiques, la guerre contre Hannibal comme les conflits entre imperatores seraient des moments au cours desquels les Romains auraient fait preuve d’une remarquable résilience, mais quels sont précisément les mécanismes et les évolutions qui ont été mis en place par la société romaine ? Quelle est l’intensité des changements que ces conflits ont provoqués pour l’histoire de la République ? Ce premier volume s’intéresse aux recompositions mises en œuvre dans les champs militaire et politique.